« Michel Gohou, destin d’un miraculé », le livre biographie de la vie du comédien est en librairie depuis le 10 aout dernier, édité par Vallesse éditions. Dans ce long entretien accordé au journaliste Pierre Teubeu (de Source Africa TV) , le comédien popularisé par Les guignols d’Abidjan raconte sa difficile et inimaginable trajectoire.

Du ghetto au gotha. Des railleries aux vivats. De l’ombre à la lumière. « Parti de la souffrance qui lui arrache le bonheur de son enfance et de son adolescence (un mauvais coup du sort : une gibbosité cruelle qui le déforme, ndlr), Michel Gohou s’est retrouvé dans un métier compliqué qu’il avait choisi pour rendre aux autres le sourire arraché à lui par le tourment de la vie », énonce le journaliste auteur , chanceux d’avoir obtenu la confiance de la star de l’humour africain pour lui confier son intimité, ses douleurs, ses souffrances, sa vie.

Et quel parcours ! Gohou Michel, né en 1963 à Djatégnoa (commune de Gagnoa) d’un père paysan, vécut une adolescence difficile. Mis en retrait de l’école par une énigmatique maladie, il quitte son ouest natal, et prend le nord, capital pour sa rédemption. Trois ans passés au Burkina Faso à la recherche d’un remède pour soigner l’affreux mal. Parti dans un état tel que personne ne vendait cher sa peau, Doukourou (de son prénom Bété) retourne au village des années après, dans les habits d’un miraculé. Au tournant d’une vie trépidante qui se débute ainsi.

Des années de galères, d’abord à Gagnoa, à végéter entre petits boulots ingrats, jusqu’à son arrivée à Abidjan, à Abobo. Pour le reste, au fil des chapitres : le comédien se livre sans filtre, sans honte, sans fards, avec courage et dignité. En filigrane de cette vie au scénario incroyable : la maxime selon laquelle Dieu seul connait la destinée d’un être.

Ce livre de 152 pages entretient le témoignage d’un homme qui aura réussi à la foi, par la persévérance, le courage, à relever des défis, à vaincre ses doutes et ses peurs. Complexé de la drague, celui qui n’osait pas parler à une fille de peur d’être éconduit méchamment vit aujourd’hui marié à une belle et valeureuse dame ; père de 6 enfants, dont certains issus d’aventures prémaritales.

Des souvenirs heureux comme malheureux de son parcours professionnel aux courbes de montagnes russes et qui en impose aujourd’hui, tout ça, le comédien les décortique pour « dire plutôt que laisser médire », dixit Agnès Kraidy, la préfacière à l’ouvrage. La valeur de ce témoignage épique ? C’est justement la brillante plume de la journaliste qui en est au crédit. Et qui la synthétise via ce bel acrostiche du nom du sujet : G comme Grandeur, O comme Optimiste, H comme Hauteur, O comme Obstination et U comme Unique. Un sacré personnage symbolique, ce comique.